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L’Occitanie, labo de campagne d’Anne Hidalgo

Les élections se suivent et se ressemblent en Occitanie. Depuis plusieurs scrutins, les socialistes y engrangent les succès. Michaël Delafosse a conquis la mairie de Montpellier en 2020. Carole Delga a été la présidente de région la mieux élue en 2021, dans une triangulaire de surcroît.

Et, sur les 13 départements qui composent la région, la gauche a conservé les 12 qu’elle détenait déjà. « Notre avis de décès avait été publié en 2018. Mais, après avoir ravi la mairie de Montpellier, survolé les régionales et résisté aux départementales, nous avons prouvé que nous étions solides sur les terres de Jaurès », confirme un élu local. De quoi redonner espoir aux socialistes occitans, qui aimeraient que ces succès se reproduisent à l’échelle nationale… Surtout depuis la déclaration de candidature à la présidentielle d’Anne Hidalgo à Rouen, que beaucoup attendaient avec impatience. Le 30 juin, ils avaient été en effet plusieurs élus locaux à signer la tribune « Pour nous, c’est Anne… » en faveur de sa candidature.

Aussi sur le chemin de la présidentielle, Anne Hidalgo, qui mise sur les « territoires » pour reconquérir le peuple de gauche – qui a tourné le dos au parti à la rose, démonétisé au niveau national depuis les 6 % recueillis par Benoît Hamon en 2017 -, pourra compter sur les socialistes occitans. Un soutien de taille avec Carole Delga comme tête d’affiche. La patronne de la région, élue également à la tête de l’association Régions de France, sera en première ligne.

« À l’unisson ». Rien d’étonnant, les deux femmes sont proches. Elles se sont rencontrées il y a quatre ans et demi à la demande de Carole Delga. « Pour lutter contre la défiance vis-à-vis des politiques, je voulais lancer des initiatives de démocratie participative afin d’associer les citoyens au processus de décision politique au niveau de la région, se souvient celle qui venait de prendre la tête de la région. Ça a matché entre nous sur la question de l’éthique et de la droiture en politique. Nous vibrons à l’unisson sur l’émancipation par l’éducation, car nous sommes toutes les deux des produits de la méritocratie républicaine. »

Dès juillet 2020, Carole Delga s’est vu confier la plateforme citoyenne et participative Idées en commun, dont l’objectif est de faire remonter les vues et les propositions locales. Un outil précédemment rodé par Anne Hidalgo lors de la campagne municipale parisienne et qui l’a menée à la victoire. À la manière de ce que la maire de Paris a fait dans la capitale avec Paris en commun, des groupes de travail ont été créés dans toute la France pour plancher avec la société civile. Carole Delga chapeaute le tout. « La plateforme a vocation à alimenter le programme, dont la rédaction est confiée à Mathieu Klein [le maire de Nancy, NDLR], confirme la présidente de région. Idées en commun, c’est le rassemblement de toutes les énergies positives, de forces politiques mais aussi citoyennes. » Une fonction de structuration des réseaux territoriaux ultrastratégique qu’avait occupée pour la campagne municipale l’homme de confiance de la maire de Paris : Jean-Louis Missika.

« Être lucide ». Ce ne sera pas la seule tâche de Carole Delga. L’autre mission qu’elle aacceptée – et que certains qualifient volontiers d’impossible – est tout aussi stratégique. Réputée pour sa fermeté, c’est elle qui mènera les discussions avec les autres formations de gauche. À elle revient donc la tâche de rassembler sociaux-démocrates, écologistes, communistes et citoyens de tous bords dans « un projet en dehors des sentiers battus de la politique ». « C’est une plateforme qui va au-delà du PS. Je vais être amenée à rencontrer les candidats des autres partis, confiait Carole Delga quelques jours avant la déclaration de candidature d’Hidalgo à Rouen. Il faut que chacun soit bien en responsabilité. Si la gauche réformiste et écologiste n’est pas unie, elle ne sera pas au second tour. Quels que soient les talents des uns et des autres. » Et d’insister : « S’il y a un candidat communiste, un candidat écologiste, un candidat socialiste, c’est l’échec
assuré. Il faut être lucide et savoir si on est là pour coller des affiches ou améliorer le quotidien des gens ! Et, pour améliorer le quotidien des gens, il faut gagner et être au pouvoir. »

Autre figure régionale, la Toulousaine Nadia Pellefigue, vice-présidente de la région, n’a pas encore déclaré sa flamme à Anne Hidalgo. Ce qui ne l’empêche pas de vanter les atouts et les qualités de la candidate : « En tant que maire de Paris, Anne incarne un certain courage sur le plan écologique et un ensemble de solutions. Surtout si elle confirme son choix de s’appuyer sur les élus de terrain. »

Dans « l’équipe de France ». Proche d’Arnaud Montebourg, la candidate malheureuse à la mairie de Toulouse se contente pour l’instant d’observer, avant de lancer ses forces dans la bataille présidentielle. « Anne et Arnaud sont complémentaires : l’une porte le message de la France des territoires, l’autre celui de la France entrepreneuriale, dit-elle en souriant. Pour le moment, je regarde. Une primaire doit être organisée et je me conformerai au choix des militants. » Avant d’ajouter : « Je pense que meilleurs on sera en Occitanie, plus le soutien de Carole Delga à Anne Hidalgo sera efficace. Si on fait une bourde ici, et cela peut arriver, cela sera utilisé. Il faut être bons et montrer que la méthode utilisée (terrain + pragmatisme) est la bonne et qu’elle doit être inspirante pour des questions nationales. »

Dans ce qu’Anne Hidalgo appelle son « équipe de France des élus », elle pourra compter sur d’autres personnalités de la région. Le maire de Montpellier Michaël Delafosse, qui l’a accueillie à son arrivée à la gare lors des journées parlementaires du PS dans sa ville, est en pointe sur les questions de laïcité, de sécurité et d’éducation. En Haute-Garonne, si la candidate socialiste ne pourra évidemment pas s’appuyer sur Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse réélu en 2020, elle aura derrière elle Sébastien Vincini.

« Locomotive ». Un autre soutien de taille, car ce quadra occupe à la fois le poste pivot de premier secrétaire du Parti socialiste en Haute-Garonne et, depuis 2018, le rôle stratégique de secrétaire national des fédérations au PS auprès d’Olivier Faure. En sus, il est depuis 2020 le maire de Cintegabelle, l’ancien fief de Lionel Jospin ! « J’ai signé la tribune en faveur de la candidature d’Anne Hidalgo le 30 juin, car elle incarne nos valeurs et une force tranquille, raconte Sébastien Vincini, soulagé de voir que son appel a été entendu. Dans la dynamique nationale, le modèle occitan peut servir de locomotive : nous n’avons jamais laissé tomber la question de la République, nous sommes intransigeants sur la laïcité, nous avons à coeur de porter haut la solidarité et de défendre l’égalité. Dans le récit national, l’Occitanie a son mot à dire désormais, au même titre que les régions classiquement dites de gauche. »

C’est aussi ce que défend le président du département, Georges Méric, également signataire de la tribune « Pour nous, c’est Anne ». « Dans la Haute-Garonne, nous
sommes exemplaires sur plusieurs dossiers comme la mixité sociale, le parcours laïque et citoyen dans les collèges », explique celui qui se dit disponible pour partager ces expériences. Car, si Anne Hidalgo doit mener campagne au niveau national avec les nouvelles têtes montantes socialistes, elle doit aussi battre le terrain au niveau local. « Nous, les élus moins en vue, avons un rôle plus discret, mais notre travail de proximité est tout aussi important », ajoute-t-il.

Quadrature du cercle budgétaire. Côté parlementaires, la députée du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault, cheffe de file des députés socialistes à l’Assemblée nationale, roule aussi pour Hidalgo. Elle était présente à Rouen le 12 septembre. Elle a d’ailleurs partagé sur son compte Twitter la photo de la maire de Paris entourée de sa bande de quadras (dont elle), ces nouveaux visages post-éléphants, avec en commentaire : « Une partie de la team Hidalgo 2022. » Le discret mais puissant sénateur de Haute-Garonne Claude Raynal entend lui aussi apporter sa pierre à l’édifice. Les compétences de cet ex-strausskahnien, président de la commission des Finances de la chambre haute, seront sollicitées dans l’atelier qui planchera sur la budgétisation des propositions. « Ce n’est pas le parti qui la fera gagner, car les idées ne sont plus incarnées par les mouvements politiques », note l’énarque. Pour lui, il ne s’agit pas d’unir les forces mais de convaincre
les Français. Une chose est sûre : la proposition de doubler les salaires des enseignants donnera du fil à retordre au sénateur, car il devra convaincre de la pertinence du financement de cette mesure – qui a fait bondir ses opposants – et tenter de résoudre la quadrature du cercle budgétaire.

Récemment, dans son éloge à Edgar Morin à l’occasion des 100 ans du sociologue, Anne Hidalgo a cité Marguerite Duras : « C’est une merveille de ne pas connaître l’avenir. » Le pensait-elle vraiment ? À Toulouse et en Occitanie, les élus préfèrent citer Jean Jaurès : « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir. » Une phrase inspirante, comme veut l’être la gauche occitane au moment de se lancer dans une campagne à l’issue incertaine.

ÉLODIE GREGOIRE POUR « LE POINT » – LYDIE LECARPENTIER/REA POUR « LE
POINT » (x3) – Lydie LECARPENTIER/REA

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