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Discours d’hommage à Jean Jaurès de Vincent Gibert le 31 juillet 2019

Mesdames messieurs les élus, 

Chers amis,

Chers camarades, 

Laissez moi tout d’abord vous dire tout le plaisir qui est le mien d’être parmi vous aujourd’hui pour célébrer cet hommage. Un an après que notre camarade Premier secrétaire fédéral ne l’ait prononcé. Nous voir rassemblés ainsi, au beau milieu de l’été, témoigne de notre fierté collective d’appartenir à la grande famille socialiste. Une famille malmenée, certes, mais nous le savons, une famille courageuse, plus déterminée que jamais à poursuivre son travail de renaissance.

En 1914, à la veille de la terrible guerre, rien ne décourageait Jean Jaurès, infatigable militant de la paix, qui ne ménageait pas ses efforts pour tenter d’éviter que le 20ème siècle ne se jette dans la guerre dont l’Europe fut le théâtre tragique. 

Mais le vendredi 31 juillet à 21h40, attablé au café du croissant dans le 2ème arrondissement de Paris, Jaurès tombait sous les balles de son meurtrier. Il prenait une pause entouré de ses proches à la sortie de son journal l’Humanité lorsque Raoul Vilain, un nationaliste d’une droite qui voulait la guerre, lui ôta la vie en l’assassinant lâchement. Ce jour là nous avons perdu un ami, un compagnon, un camarade. Il était un militant de la paix, un humaniste et cela lui a coûté la vie.

Commis entre la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie, le 28 juillet, et la déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie, à la France et au Royaume-Uni, le 1er août, l’assassinat de Jaurès sonna le glas du combat pour la paix.

 

Le bilan humain de cette guerre fut désastreux : des millions de morts, des centaines de milliers de mutilés, d’invalides, d’orphelins, de veufs et de veuves. Le bilan politique lui fut désespérant : la paix de Versailles servira de moteur à la revanche et aux idéologies totalitaires et meurtrières du XXe siècle.

 

Aujourd’hui, l’horreur de cette guerre résonne encore et le devoir de mémoire, si cela était nécessaire, nous le rappelle chaque année.

Alors honorer Jean Jaurès en 2019, c’est se souvenir d’une figure tutélaire qui doit continuer d’éclairer notre chemin. Mais rendre hommage ce n’est pas seulement se souvenir c’est d’abord et avant tout chercher à faire vivre les combats de celui qui fonda le parti socialiste. 

La phrase de Jaurès est sans appel. Oui, « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » Le nationalisme, la course aux armements, l’esprit revanchard, la haine de son voisin, le manque de coopération entre les peuples, l’absence de solidarité internationale… tous ces maux responsables de l’escalade qui mena à la Grande Guerre n’ont pas disparu. 

 

La question migratoire est elle annonciatrice d’un retour à une barbarisation dont l’illustration a été donnée par Matteo Salvini, ministre italien de l’Intérieur, déclarant sur les côtes de Sicile : le « bon temps pour les clandestins est fini, préparez-vous à faire vos valises ». Propos, tenus le jour même où une soixantaine de migrants trouvait la mort au large de la Lybie… 

Malheursement, la montée du péril réactionnaire ne rencontre que peu de résistance et démontre que la « violence guerrière » demeure bel et bien à l’horizon de l’histoire.

Nous, socialistes, devons ne jamais céder sur l’idéal que nous portons. Pour ne pas se faire balloter, pour ne plus être les spectateurs de cette histoire qui pourrait s’écrire sans nous, nous devons à nouveau nous donner les moyens d’agir pour écrire l’histoire, nous devons réaffirmer que nous pouvons encore en changer le cours.

Si Jaurès portait avec force une voix d’apaisement c’est d’abord et avant tout parce qu’il était un socialiste. Jaurès disait « L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir. ». Ses paroles ont plus d’un siècle et pourtant, en ces temps troublés, pour celles et ceux qui comme nous partagent son idéal, ses paroles doivent résonner dans nos têtes et l’écho de sa voix doit retentir dans nos consciences.

Nous nous interrogeons, les Français s’interrogent sur notre capacité à les défendre encore et à mener bataille à leurs côtés pour une société plus juste, plus émancipatrice et plus fraternelle. Disons leur, prouvons leur, que nous n’attendons pas les bras croisés, que nous travaillons à notre renaissance pour pouvoir remettre de l’ordre et de l’éthique là où la liberté sans conscience ne génère qu’inégalité et injustice.

Le rassemblement d’aujourd’hui s’inscrit dans cette démarche : se retrouver autour de Jean Jaurès, c’est se retrouver autour des valeurs fondamentales qui nous lient, c’est réaffirmer que nous sommes les maillons d’une chaîne qui nous lie dans le temps aux grandes femmes et hommes de gauche. 

A l’aube d’une année politique majeure à Toulouse, comme dans toutes les communes de France, comment ne pas évoquer les liens qui unissent cette ville à Jaures.

Le cheminement intellectuel qui le conduisit à adhérer au socialisme a débuté ici même pour s’achever dans la lutte aux cotés des mineurs de Carmaux.

Battu aux élections législatives de 1889 c’est à Toulouse qu’il reprit sa vie civile comme enseignant tout en continuant en parallèle son engagement politique. Depuis 1888, Toulouse était alors gouvernée par une alliance de radicaux majoritaires dont le maire, Camille Ournac. Jaurès lui n’était pas encore officiellement socialiste. Il était d’abord un « républicain » qui s’interrogeait sur le devenir d’un mouvement socialiste éclaté et embryonnaire. En 1890 il est élu conseiller municipal puis Maire Adjoint à l’instruction publique c’est alors qu’il s’est confronté au réel, en participant à la gestion de la ville. 

C’est à Toulouse qu’il a développé les moyens de l’éducation publique émancipatrice. En prenant ses fonctions en 1890, Jaurès a notamment dû gérer les conséquences complexes d’une loi qui transformait les instituteurs en fonctionnaires d’État (jusque là, ils étaient payés par les communes). Du coup, l’État baissait leurs salaires et supprimait en plus toute dotation aux villes de plus de 100 000 habitants. Une catastrophe pour la commune qui voyait déjà ses effectifs scolaires augmenter à toute vitesse et était obligée d’engager un vaste programme de construction d’écoles. Jaurès engagea un bras de fer avec l’Etat et réussit à conserver la dotation d’État et il fit voter une nouvelle subvention pour assurer le maintien du niveau des salaires des instituteurs. Et comme l’État refusait d’augmenter leur nombre Jaurès créa des postes d’instituteurs « adjoints » payés par la municipalité. 

Dès lors, comment ne pas s’empêcher de mettre en regard son action volontariste et combative avec celle du Maire qui, aujourd’hui, face à la baisse des dotations, face à la volonté de l’Etat de contrôler le budget des collectivités, semble plus intéressé par la construction d’une relation à visée électoraliste que par le fait de défendre avec force les intérêts de notre ville.

C’est à Toulouse enfin, qu’en mars 1892, à la sortie d’une réunion publique, Albert Bedouce, qui n’était alors que Conseiller Municipal, présenta Jaurès à Guesde. Treize ans plus tard, ces deux hommes, aussi différents qu’on peut l’être, réussiront à créer ensemble le mouvement socialiste unifié qu’était la SFIO. 

A Toulouse, Jean Jaurès a donc forgé sa philosophie, où dominent les idées de justice sociale, d’éducation et de progrès de la conscience humaine. A Toulouse, Jean Jaurès a noué les liens qui lui permettront de fonder la SFIO. Toulouse est donc et restera le berceau du socialisme Jauressien et le terreau fertile qui permit l’unité des socialistes. 

Notre responsabilité dans les mois qui viennent est de rester fidèles à cette histoire, reprenons le flambeau, ayons la force de ses convictions pour modèle, poursuivons la démarche de rassemblement autour de combats communs de la gauche ici à Toulouse, comme ailleurs. Continuons le travail pour changer la vie des citoyens en apportant la preuve de l’efficacité de nos politiques dans notre gestion des collectivités. 

Amplifions le travail que nous menons ensemble pour faire renaître le socialisme. 

A Jaurès, restons fidèles, par nos actes, poursuivons le combat de celui qui concevait le socialisme comme l’accomplissement de la République.

Soyons Jauressiens, soyons socialistes. 

Je vous remercie.

 

Vincent Gibert pour la fédération du Parti socialiste de la Haute-Garonne

Secrétaire fédéral aux sections et à la structuration territoriale

Conseiller départemental de la Haute-Garonne

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