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Le 10 mai 1981 à la section 5

Soirée souvenir, soirée découverte, soirée hommage ? Allez savoir ! Chacun y aura trouvé son compte, en fonction de son âge, en fonction de son histoire militante, de son attirance ou non envers ce personnage hors du commun, François Mitterrand.

C’était le 10 mai 2023 sous l’œil de Jean Jaurès à la Fédé.

Deux grands témoins furent nécessaires pour distinguer le vrai du faux, pour faire le tri entre légende magnifiée et rumeur insidieuse . 

Rémy Pech, historien et Jean-Jacques Mirassou, ancien sénateur avaient l’age requis pour avoir vécu les années du mitterrandisme, et la mémoire assez aiguë pour lutter contre une trop grande subjectivité.

La soirée commença par une séquence cinéma. Images utiles pour soutenir l’histoire. Un documentaire réalisé par Nat Lilenstein, « La décennie Mitterand », adapté des ouvrages de Pierre Favier et Michel-Martin Roland, deux journalistes de l’AFP, l’Agence France Presse.

Dans la salle se mêlent jeunes et plus anciens, comme si tous voulaient confirmer ce soir là leur enthousiasme ou leur dépit .

Le documentaire fait la part belle aux épines sur lesquelles s’écorchent les dirigeants socialistes, l’ambiguïté vis à vis des ministres communistes, l’obligation douloureuse mais indispensable du virage de la rigueur,  la reculade sur l’école publique face à un peuple de droite aiguillonné par l’opposition.

Les communistes

Rémy Pech et Jean-Jacques Mirassou ferraillent et expliquent : « Mitterrand n’a jamais voulu démolir le PC, les communistes ont souffert de leur propre déclin. Quatre ministres PC au gouvernement, c’était un signe adressé aux électeurs communistes qui avaient su choisir leur camp au 2éme tour » précisera Rémy. Jean-Jacques consolide : « Les ministres PC ont été pertinents ? Ils ont fait du bon boulot, on ne peut en douter ».

Nécessaire pour atténuer l’intervention brutale et rugueuse dans le documentaire du ministre des Affaires Etrangères de l’époque, Claude Cheysson, qui traitera les quatre du PC de « garçons de course ».

La rigueur

Dès le soir du 10 Mai, Michel Rocard plaide face au Premier Ministre Pierre Mauroy, la nécessité d’une dévaluation énorme . La situation économique laissée par les prédécesseurs est catastrophique, l’inflation atteint les 14%.

Une suggestion juste économiquement mais périlleuse politiquement. Les élections législatives étaient imminentes et associer les socialistes le soir de leur victoire à une dévaluation semblait suicidaire. Pierre Mauroy refuse de franchir ce pas.

Deux ans plus tard, le couteau financier sous la gorge, le gouvernement devra adopter la politique de rigueur qui décevra, hier comme aujourd’hui encore, bon nombre de militants socialistes. 

« Impossible de faire autrement, plaideront nos deux témoins, Rémy et Jean-Jacques . La France est à contre-courant des autres pays riches. Les grands de ce monde sont soit des libéraux intégraux, soit des socio-démocrates qui avaient déjà choisi le tournant de la rigueur. Ne pas imposer la rigueur, c’était perdre le pouvoir, le laisser entre des mains plus rigoristes encore » .  Mitterrand a tranché .

L’école privée

Au printemps 84, la gauche est en pleine disgrâce. Mais c’est sur le terrain des libertés que le pouvoir est le plus contesté. Son projet de rapprochement entre l’école publique et l’école privée mécontente tout le monde . Les laïques le trouvent trop timoré, les catholiques y voient une atteinte insupportable au choix de l’école. 

La rue se couvre de manifestants, le pouvoir doit reculer. La loi Savary finira au tiroir. Pierre Mauroy démissionne, Fabius prend sa place à Matignon.

Aujourd’hui, Rémy Pech, ancien Président d’Université, juge injuste le procès fait à Alain Savary « dont l’oeuvre réformatrice est trop souvent oublié ». 

Savary fut député de la Haute-Garonne et Président du Conseil Régional de Midi-Pyrénées.

Au printemps 86, la gauche perd les élections législatives. Jacues Chirac est nommé Premier Ministre. 

Ainsi débutera « la première cohabitation ».

« On a oublié le positif »

Malgré le plaisir procuré par cette initiative, certains émettront des regrets au moment du « verre de l’amitié » dans la salle du fond de la Fédé.

Ils reprocheront au documentaire d’avoir mis en avant le mauvais en passant sous silence le bon . « A part la partie sur l’abolition de la peine de mort qu’a évoqué avec émotion Robert Badinter, rien des réformes positives, rien des avancées sociales dont a bénéficié le peuple français pendant cette période »

C’est vrai, objectivement vrai.

Ce genre de soirée, on recommencera. C’est ainsi que se consolide un parti politique, en allant de l’avant sans jamais oublier de temps en temps un coup d’œil dans le rétroviseur.

Michel Pech

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